Post tenebras fiat le luxe

Abstract

« Le luxe est un droit », propose Stückelberger (Stückelberger, Ch. (2013) : Weg-Zeichen, Coll. Praxis 2, Genève: Globethics.net, §8-9) et précise qu’il devrait être question, dès lors qu’on parle d’un droit à la propriété, d’un droit démocratique comparable au luxe, qui est une forme de propriété. Cette thèse, si elle est défendable, a pour conséquence de faire ressortir, comme expérience de pensée, une perspective particulière celle d’une égale dignité des petites gens à jouir d’objets exclusifs et chers. Pour défendre ce point de vue, il nous faudrait revenir et mettre de l’ordre dans le caractère exclusif que présuppose la possession de tout objet cher et luxueux. Le brillant de l’or ne peut-il pas être interprété de manière très différente, selon la passion ou la vertu exprimée, par exemple comme un profit raffiné, pure ou précieux, que porte quelqu’un qui a réussi socialement, ou au contraire comme un trésor mondain, une idole et un investissement ou un abri peu fiable contre l’erreur ? Est-ce que le luxe peut nous offrir une idée adéquate de son objet, comme un objet digne d’estime, ou sommes-nous condamnés à une connaissance imaginaire, mutilée, tronquée, liée aux défaillances de notre corps ? Le luxe serait alors limité à des choses représentées sur papier glacé dans des journaux, à du rêve et du divertissement mais aussi peut-être à l’apanage du petit nombre.