Éthique, finances et anthropologie

Abstract

RésuméCet article constitue une réaction à l’argument développé dans ce dossier par Christian Walter. Il récuse un moralisme prompt à dénoncer les excès de la spéculation au nom d’une référence mythique aux régularités de l’économie « réelle » sans prendre le chemin long d’une analyse des choix éthiques impliqués dans les outils mathématiques d’analyse des marchés. Ce refus d’opposer la mauvaise spéculation artificielle aux régularités d’une économie empirique prétendument naturelle peut en effet stimuler l’anthropologie chrétienne dans sa réflexion sur la Loi naturelle parfois trop rapidement identifiée aux régularités de la biologie. Ce point de vue peut d’ailleurs trouver des appuis dans l’argument développé ici même par Geneviève Médevielle montrant que, selon Thomas d’Aquin, le juste prix n’est pas susceptible d’une détermination empirique simpliste, car il doit se conformer à la norme de justice que commande le « bien commun » de l’ensemble de la société comme fin ultime.

This article establish a reaction to the argument developed in this file by Christian Walter. He challenges a prompt moralism to denounce excesses of the speculation in the name of a mythical reference to the regularities of the “real” economy without taking the long way of an analysis of the ethical choices, implied in the mathematical tools of markets analysis. This refusal to oppose the bad artificial speculation to the regularities of an allegedly natural empirical economy can indeed stimulate Christian anthropology in its reflection on the Natural law sometimes too quickly identified with the regularities of biology. This point of view can find supports in the argument developed in this file by Geneviève Médevielle showing that, according to Thomas Aquinas, the fair price can’t be defined by a simplistic empirical determination, because it must conform to the standard of justice which orders the “community property” of the whole society like ultimate ending.