Conflicts of interests in health

Abstract

International audience

Au coeur d'une constellation de questions sur les rapports entre sciences, argent, médecine et politique, les conflits d'intérêts touchent aux enjeux de l'intégrité professionnelle, de politiques de santé, et de rapports sciences-société. La notion de conflits d'intérêts commence à trouver sa place dans les formations de santé, notamment après qu'il ait été montré que la quasi-totalité des étudiants en médecine étaient en contact rapproché, dès le début de leurs études, avec des représentants des laboratoires pharmaceutiques. Mais la notion de conflits d'intérêts est encore loin de faire consensus, d'autant qu'on navigue ici entre jugements à l'emporte-pièce à l'égard des experts (« tous vendus ») et euphémisation (« il n'y a pas de conflits d'intérêts, il y des partenariats et exceptionnellement des dérives »). Les contours incertains de cette notion expliquent peut-être autant son succès que son usage prudent dans la recherche en sciences humaines et sociales. Un pneumologue chez Total Commençons par un cas d'école, qui fut relaté dans la plupart des grands quotidiens nationaux, à la fin des années 2010. Le pneumologue Michel A. était chef de service à l'hôpital Bichat. Professeur reconnu et respecté, il était souvent invité à s'exprimer dans les médias. En 2015, il représenta l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris devant une commission sénatoriale chargée d'examiner le coût économique et financier de la pollution de l'air. Alors qu'il est bien établi que l'exposition aux particules fines augmente le risque de développer un cancer, le professeur déclara, lui, que la pollution due au diesel avait au contraire un impact minime sur la santé, et qu'il fallait plutôt incriminer le tabagisme ou les expositions professionnelles élevées. Quelques mois plus tard, suite à l'alerte lancée par des associations de défense de l'environnement, on découvrit que le Professeur était en réalité employé et actionnaire de l'entreprise Total. Lors de son audition au Parlement, il avait pourtant déclaré sur l'honneur ne pas avoir de « conflit d'intérêts ». Le Sénat saisit alors la justice, et le pneumologue fut poursuivi pour « faux témoignage ». Lors du procès qui s'en suivit, son avocat plaida l'absence de situation de conflit d'intérêts, puisque son client exerçait les fonctions de médecin du travail chez Total, et non pas celle de conseiller en stratégie pétrolière. La juge estima qu'il aurait dû déclarer son lien avec l'entreprise, notamment en raison de l'ancienneté de ses contrats de travail, mais aussi en raison du montant de sa rémunération (de l'ordre de 100.000€ par an en moyenne). Condamné en première