Sociological and historical study of an educative enterprise: the development of some French business schools (end of the XIXth century to nowadays)

Abstract

This research examines a group of French higher education institutions, the so-called Ecoles supérieures de commerce (ESC - Superior business schools), from the end of the 19th century to the present. It focuses more specifically on the last fifty years of this period. Through a socio-historical approach, it analyzes the development of these schools which represent a very specific model in the French higher education system, being private and closely connected to the Chambers of commerce, recruiting through selective competitive exams and, to some extent, functioning as firms. Borrowing from the theoretical framework of neo-institutionalism as well as the sociology of organizations, this work aims at going beyond a functionalist vision which describes the development and increasing popularity of these schools as mere answers to demands from the business world and students. Based on archives, statistical data and interviews, this research underlines on the contrary logic of actions and interests specific to the schools under examination, and reveals their strategies to appear as legitimate organizations. At the outset the existence of such schools was difficult as they did not appear as especially necessary nor useful. Progressively, however, they gained legitimacy and social recognition. The focus on the relatively small group of schools that constitute the ESC brings to light processes of imitation and homogenization, as well as differentiation and the emergence of hierarchies within these schools that are all linked by state regulation, cooperation and competitive relationships. The study examines the various processes that shaped these schools, sometimes independently from any external demands. A contribution to the history of higher education institutions, this work helps in addition to analyze the current transformation of the French higher education system, since it addresses questions such as the funding of the business schools, the evolution of their recruitment systems or their internationalization.

Ce travail étudie un groupe d'établissement d'enseignement supérieur français, les Ecoles supérieures de commerce (ESC), de la fin du XIXe siècle à 2010, en se focalisant tout particulièrement sur les cinquante dernières années de cette période. A travers une approche socio-historique, il analyse le développement de ces établissements qui constituent un modèle à part dans l'enseignement supérieur français, de par leur statut privé et leur proximité avec les chambres de commerce, leur système de recrutement ou encore de leur mode organisation proche de celui des entreprises. En empruntant aussi bien au néo-institutionnalisme qu'à la sociologie des organisations, il s'agit de dépasser une vision fonctionnaliste expliquant l'essor et les évolutions de ces écoles comme autant de réponses à des demandes exprimées par la sphère économique et par les étudiants. A partir du dépouillement d'archives, d'analyses statistiques et d'entretiens, cette thèse met en évidence des logiques d'actions et des intérêts propres aux établissements étudiés, ainsi que les stratégies qui ont pu être mises en œuvre pour les faire apparaître comme des formations légitimes. De fait, le retour sur les premières décennies de fonctionnement des ESC montre qu'à l'origine l'existence de telles écoles n'avait rien d'évident et que ce n'est que très progressivement qu'elles ont pu se faire reconnaître comme utiles, voire nécessaires, pour accéder à certaines professions et positions sociales. Par ailleurs, le choix de se focaliser sur un groupe réduit d'écoles liées par un jeu complexe de relations où se mêlent liens réglementaires, coopération plus ou moins formalisée et concurrence, permet de mettre en évidence les processus d'imitation et d'homogénéisation mais aussi les logiques de différenciation et de hiérarchisation, qui ont contribué à façonner ces établissements, parfois indépendamment des demandes externes. Contribution à l'histoire des institutions scolaires, ce travail permet en outre d'éclairer les transformations en cours dans le champ de l'enseignement supérieur français, à travers un questionnement sur le financement des écoles étudiées, l'évolution du recrutement des étudiants ou encore leur internationalisation.