Une nouvelle génération ?

Abstract

International audience

Il pourrait être tentant de reprendre simplement l’opposition classique entre d’un côté, un protestantisme luthéro-réformé ancien et bien établi, qui serait avant tout préoccupé par la transmission d’une appartenance confessionnelle ; et de l’autre un protestantisme évangélique plus récent, davantage tourné vers l’évangélisation des jeunes générations. En fait, l’observation du terrain protestant parisien incite plutôt à adopter une approche transversale, en concentrant l’attention sur les enjeux liés à la transmission de l’identité religieuse, qui préoccupent l’ensemble des acteurs protestants. Ces enjeux portent principalement sur trois points. Le premier concerne l’articulation entre « le fond » (les croyances) et « la forme » (les modes d’expression), c’est‑à-dire les modalités d’adaptation d’un ensemble de contenus de croyance – définis en termes d’orthodoxie et d’identité confessionnelle – aux formes d’expression et d’expérience des jeunes générations. Il s’agit d’un débat ancien, rendu plus aigu par l’influence qu’a acquis, depuis la seconde moitié du XXe siècle, une culture « jeune » évangélique. Cette nouvelle culture évangélique génère une tension nouvelle – qui constitue un second enjeu – entre des identités confessionnelles particulières et une sorte de protestantisme générique, d’influence évangélique et charismatique, qui tend à devenir une culture commune des plus jeunes. Enfin, le troisième enjeu observable porte plus largement sur les relations compliquées entre engagement, institution et appartenance en contexte de forte mobilité. Ces trois enjeux sont analysés ici à travers les cas de trois acteurs religieux reflétant la diversité du protestantisme parisien : les paroisses réformées de l’Église protestante unie, l’Église évangélique de Paris Bastille et les soirées Pulse Paris organisées par le réseau missionnaire Jeunesse pour Christ (JPC).