L’imagination au pouvoir. Référence singulière et exploration des mondes intuitifs possibles
Author(s)
Leclercq, BrunoKeywords
imaginationperception
conception
objet général
objet singulier
objet fictif
imagination
perception
conception
general object
singular object
fictional object
Arts & humanities :: Philosophy & ethics
Arts & sciences humaines :: Philosophie & éthique
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https://orbi.uliege.be/handle/2268/223586Abstract
Dans la mesure où elles permettent toutes deux d’explorer des possibilités qui dépassent la réalité de ce qui est effectivement perçu, l’imagination et la faculté de conception intellectuelle (entendement) sont souvent associées l’une à l’autre dans leur opposition commune à la perception. En nous appuyant sur la théorie husserlienne des intentions de signification et de leur remplissement par l’intuition, nous insisterons pour notre part sur tout ce qui distingue l’imagination de la conception intellectuelle et qui la rapproche au contraire de la perception : - sur le terrain de la phénoménologie et de la philosophie de l’esprit, nous montrerons d’abord ce qui différencie les actes mentaux d’imagination des actes de conception, en particulier la singularisation de visée qu’implique l’apport de données sensibles concrètes ; - sur le terrain de la sémantique et de l’ontologie, nous nous intéresserons ensuite aux contenus et « objets » propres aux actes d’imagination et aux actes de conception, et nous dénoncerons à cet égard les confusions entretenues par la théorie meinongienne des objets inexistants aussi bien que par la théorie twardowskienne des objets immanents ; - sur le terrain de la philosophie du langage et de l’esprit, nous insisterons alors sur le type de référence mentale et linguistique permise par l’imagination (par opposition à la simple conception) et sur la possibilité ainsi ouverte de jugements fictionnels synthétiques (plutôt qu’analytiques) ainsi que d’une désignation fictionnelle rigide analogue à la référence de re (et non de dicto). Dans un second temps [si la durée de l’intervention le permet], nous nous interrogerons sur le rôle épistémologique spécifique que peut jouer l’imagination – par opposition à la simple analyse conceptuelle – dans l’exploration des possibles. Pour Husserl, il importe de distinguer ce qui est intellectuellement inconcevable (c’est-à-dire inconsistant, formellement contradictoire) de ce qui est inimaginable (c’est-à-dire non conforme aux contraintes de l’intuition sensible). Des lois analytiques (sphère de l’a priori formel), qu’explore l’analyse conceptuelle, se distinguent les lois de l’a priori matériel ou synthétique, que permettent de dégager les variations libres de l’imagination. A cet égard, on sait que des débats très vifs ont opposé les théoriciens de la connaissance quant aux sources du savoir mathématique. Kant tenait l’arithmétique et la géométrie pour synthétiques a priori car fondées sur l’intuition formelle et sur les schèmes (et constructions) de l’imagination. En sens inverse, Bolzano défendait le caractère purement analytique des mathématiques, dans lesquelles, selon lui, l’imagination peut au mieux jouer un rôle psychologique d’adjuvant. Et le logicisme de Frege et Russell renchérissait en montrant dans le détail que les concepts et principes arithmétiques mais aussi géométriques fondamentaux peuvent être définis en termes purement logiques de sorte que les mathématiques seraient entièrement réductibles à la logique et donc analytiques. Tout en acceptant la dimension essentiellement formelle des théories mathématiques modernes (contrairement aux intuitionnistes), certains épistémologues contemporains du projet logiciste préservent toutefois une certaine légitimité épistémologique à l’imagination. C’est le cas de Husserl lorsqu’il distingue deux versants des mathématiques selon qu’elles relèvent de la logique de la conséquence (où prévaut la non-contradiction) ou de la logique de la vérité (où prévaut la question de l’existence de modèles intuitifs). C’est aussi le cas de Peirce lorsqu’il montre l’importance sémiotique de l’imagination dans les déductions « théorématiques », qui, contrairement aux simples déductions « corollariales », ne sont pas triviales et comportent un véritable gain d’information, même si elles peuvent ensuite faire l’objet de preuves purement analytiques.Peer reviewed
Date
2018-03-30Type
info:eu-repo/semantics/conferencePaperIdentifier
oai:orbi.ulg.ac.be:2268/223586https://orbi.uliege.be/handle/2268/223586